Bac 2020 : Comment Sérédou, une sous-préfecture a pu avoir 19% des 100 premiers de la république ?
Au Baccalauréat unique session 2020, le lycée de la sous-préfecture de Sérédou a enregistré 19% des 100 premiers de la république en sciences expérimentales. La 4ème, le 5ème et le 8ème de la République en science expérimentales sont tous issus de cette école.
Dans la liste des 500 premiers de la République en Sciences expérimentales, 67 sont du lycée de Sérédou. Parmi les 100 premiers de la République, 19 sont de Sérédou : les 4ème, 5ème, 8ème, 12ème, 24ème, 32ème, 36ème, 44ème, 54ème, 57ème, 59ème, 63ème, 69ème, 74ème, 75ème, 85ème, 87ème, 94ème et 98ème.
Dans ce lot, 8 admis sont des candidats libres dont le 5ème et le 8ème de la République. Un candidat libre est un élève qui a échoué 2 fois à un examen. Sa candidature ne peut être reçue qu’à la direction préfectorale ou la direction communale de l’éducation.
A la question de savoir comment Sérédou, une sous-préfecture de Macenta a pu avoir un tel record, Mamady 2 Condé, journaliste, ancien élève du lycée de Sérédou, répond après une enquête approfondie.
« Chaque année, les élèves affluent dans cette école. Ils viennent de Macenta, de N’Zérékoré et d’autres localités. Les frais d’inscription enrichissent les responsables de la direction. Certains suivent les cours ailleurs et ne viennent à Sérédou que pour passer le Bac. C’est le cas d’un des ‘’lauréats’’ de cette année. Ils sont tous attirés par la facilité de réussite favorisée par la magouille savamment entretenue sur place. De nombreux enseignants dont la pédagogie ne fait l’ombre d’aucun doute me l’ont témoigné, avec le cœur meurtri. Ils s’accordent à dire qu’après ma génération, la qualité de l’enseignement s’est fortement dégradée.
Le Baccalauréat unique session 2020 est l’un des plus mal organisés du pays, m’a confié un ami, responsable dans un lycée à Conakry. En cause, la tricherie qui l’a caractérisé.
‘’La tolérance zéro’’ était un simple slogan. Des candidats ont utilisé des téléphones pour communiquer avec le monde extérieur et entre eux à travers WhatsApp et Messenger. C’était général dans le pays. Il y a sûrement eu pire que ça à Macenta, au centre d’examen où les candidats de Sérédou en sciences expérimentales ont composé.
Depuis plusieurs années, les différents succès au lycée de Sérédou font polémiques dans la contrée. Certains mettent en cause le système de fraude instauré par la direction de l’établissement couvert par les délégués corrompus qui empochent des millions en échange de leur silence », a dénoncé le journaliste, avant d’attirer l’attention des autorités éducatives :
«Encadreurs, enseignants, Association des parents d’élèves et amis de l’école (APEAE) et délégués impliqués dans les examens dans la sous-préfecture de Sérédou font du tort aux élèves. Le nombre d’admis importe peu. Le plus important, c’est le niveau. Et les apprenants qui profitent de cette fraude gâchent leur avenir. La vie n’a pas de brouillon. Demain se prépare aujourd’hui.
J’appelle donc à une prise de conscience de tous les acteurs du système éducatif, de la base au sommet, de Sérédou à Conakry en passant par Macenta et N’Zérékoré. Comme le dit l’adage, « Tant vaut l’école, tant vaut la nation », lance Mamady 2 Condé, journaliste, ancien élève du lycée de Sérédou.