Affrontements inter-communautaires à Koyamah : ” Halte à la violence, déposons les armes” ( Siba Guilavogui)
C’est avec un cœur en lambeaux que je trempe ma plume dans l’encre pour appeler mes parents de Koyamah au calme et à la retenue. Je suis très peiné et abattu d’avoir appris à distance, les évènements malheureux et douloureux survenus hier mardi, 23 juin 2020 entre les deux communautés (Toma et Koniaké).
C’est un vieux conflit domanial qui a opposé ces deux communautés qui ont longtemps vécu dans la paix.
Dans ces affrontements armés à relent ethnique, plusieurs personnes ont été blessées par balles, à coup de machettes. A cela s’ajoutent des biens privés vandalisés et saccagés.
Je suis estomaqué de cette effusion de sang des fils d’une même terre.
Les habitants de Koyamah ont une glorieuse histoire et leur bravoure n’est plus à démontrer.
Rappelons-nous de l’incursion rebelle en 2000, tous les fils de cette sous-préfecture située à 140 kilomètres du chef du lieu de la préfecture de Macenta avaient réussi à former à l’unisson, un bloc imperméable pour bouter l’adversaire hors de nos frontières. Combien de fois les deux communautés ont célébré ensemble les trophées glanés au niveau préfectoral par notre équipe sous-préfectorale?
Nous ne devons pas oublier ces moments glorieux de notre histoire.
Les malheureux événements qui ont installé un climat de méfiance et de rivalité chez les habitants barricadés dans les maisons ne profitent à personne. On pouvait bel et bien éviter ce qui est arrivé si on avait des autorités compétentes. Mais hélas! Le sous-préfet dans sa léthargie n’a JAMAIS daigné prendre à bras le corps ce conflit qui a duré depuis des années. Nous pouvons encore éviter l’irréparable, il est donc temps d’enterrer la hache de guerre et faire face aux difficultés qui assaillent notre société.
En ma qualité de fils ressortissant de Koyamah, je m’érige en colombe de la paix. Je dis halte à la violence, déposons les armes.
Par Siba Guilavogui, journaliste et ressortissant de Koyamah
Témoignage : ‘’ L’autre Alpha Condé, le vrai’’ (Tibou Kamara)
‘’ Le jugement des hommes est loin d’être parfait, il n’est d’ailleurs que partial’’ Samuel Ferdinand-Lop.
Comme le jugement des hommes est trop souvent hâtif et injuste aussi, le recours reste le témoignage du temps et la vérité de l’histoire, pour honorer la mémoire collective, réhabiliter l’œuvre de chacun, reconnaître les droits de tous.
L’homme Alpha Condé, ne peut espérer un jugement parfait de ses contemporains qui ont tendance à s’attarder trop sur le personnage politique insaisissable qu’il est nourrissant des passions et alimentant tous les fantasmes.
Malgré lui et contre lui, il subit de nombreux préjugés et des procès expéditifs. S’il n’a pas que des ennemis irréductibles et peut prétendre avoir, lui aussi, des amis dévoués, il se sait incompris et caricaturé sur l’échiquier politique et en souffre intimement. Mais, c’est la rançon de tous les grands hommes et le destin commun à tous les politiques. Peu importe !
Le professeur Alpha Condé n’a pas l’envie, ni l’énergie de se plaindre des mauvais procès. Il en a acquis l’habitude et a aussi une claire conscience que L’Histoire s’écrit et ne s’écrit pas, au quotidien, avec des événements et des acteurs du moment. Heureusement, c’est surtout le récit du vécu et du passé pour en tirer toutes les leçons pour l’avenir et rétablir des vérités, si souvent et trop vite oubliées.
Je fais ce témoignage pour aider à connaître et sans doute l’aimer aussi, ‘’ L’autre Alpha Condé’, au-delà des circonstances actuelles, des caricatures faciles des politiques plus médiatisés et théâtralisés que connus dans la vérité insoupçonnable de leur âme. Je suis d’autant à l’aise pour le faire qu’il ne peut y avoir d’amalgame possible avec un enjeu immédiat, le remaniement ministériel étant passé, pour les plus suspicieux. Ma seule motivation est de refuser de garder le silence sur ce que l’on sait des hommes qui nous gouvernent ou aspirent à nous gouverner et de reconnaître à chacun son mérite et ses valeurs, malgré toutes les adversités et les incompréhensions auxquels nous sommes tous exposés dans nos vies et parcours respectifs.
Dans une société où dire du bien des autres est toujours suspect, à l’heure où on prétend faire des choix pour ‘’ ménager’’ l’avenir en se préservant, j’ai choisi le bonheur de la sincérité et ‘’ l’imprudence’’ d’un engagement total et véritable.
Le Président Alpha Condé ou l’Homme qui ne change pas !
Le professeur Alpha condé aime à se présenter lui-même à tous, comme un militant et il est sincère, parce que toute sa vie durant, notamment politique, il a vécu parmi les ‘’petites gens’’, a côtoyé tout le monde, parle avec chacun, indistinctement, et rencontre tous, dans un élan d’empathie effréné.
Il est facile de lire dans sa nature profonde et sa personnalité singulière, une humilité, loin d’être feinte, un profond humanisme et une spontanéité déconcertante. C’est peut-être là, qu’il faudrait trouver la raison de ce que certains considèrent comme un défaut, maintenant qu’il est tenu par la réserve et les codes de la fonction présidentielle. D’autres, par contre, comme cette majorité silencieuse qu’on a tort d’ignorer ou de sous-estimer dans sa fausse résignation, aime cela, chez lui et le lui rend bien dans les nombreux bains de foule qu’il aime tant, qui jalonnent, également, toute son histoire politique personnelle.
Le Président Alpha Condé, a les pieds sur terre, et se veut à la portée de tous, et cultive, sans cesse, la proximité qui révèle une autre facette de sa personnalité, à la fois complexe et sympathique : l’accessibilité, la simplicité, malgré la distance et la solitude imposées par le pouvoir, le protocole et les rigidités de sa fonction.
L’homme Alpha Condé aime les gens et a toujours eu du plaisir et la disponibilité aussi à recevoir, d’aider, d’aller à la rencontre des autres. Ce n’est pas, comme tant d’autres, parce qu’il est devenu un homme politique qu’il le fait, mais c’est parce qu’il est ainsi fait qu’il a une vocation politique précoce et pleinement accomplie. La politique, à ses yeux, plutôt que la comédie humaine qui lui a fait perdre ses lettres de noblesse, est l’amour du prochain et le dévouement aux autres. Plutôt que d’attendre que les autres viennent à lui, l’homme fort du pays, que tout le monde s’évertue à courtiser et solliciter, aspire à rencontrer, voudrait charmer pour avoir les faveurs, se plaît , lui , à demander des nouvelles de chacun, à avoir une attention pour tous, à montrer à tous ceux qui partagent sa vie et s’engagent avec lui, que chacun compte, à sa place auprès de lui et une utilité que seul lui connaît dans le culte du mystère et du secret forgé pendant les années périlleuses de son histoire politique.
Le Président Alpha Condé , ne s’intéresse pas qu’à ses collaborateurs et soutiens, il a des liens aussi très forts avec leurs familles , chaque fois , impressionnées que quelqu’un d’aussi haut et puissant que lui s’intéresse au quotidien de gens ordinaires et vulnérables. C’est le premier à aller dans toutes les familles modestes comme distinguées pour apporter du réconfort et exprimer sa solidarité dans les moments de malheur. C’est le Professeur Alpha Condé, sentimental et protecteur.
Un homme obstiné et déterminé
Le Président Alpha Condé sait ce qu’il veut et se donne toujours tous les moyens de l’obtenir. Pour cela, il ne recule devant aucun homme, aucun obstacle et s’impose une discipline et des privations incroyables.
Je me rappelle qu’à Paris, bien avant qu’il n’accède au pouvoir, dans un passé très lointain, il m’a confié qu’il deviendra, un jour, Président et me nommera ministre, dans son gouvernement. L’optimisme obstiné de l’Homme ou Prophétie suprême ?
Pour qui le connaît, sait qu’il a un traitement pour les amis et un autre, pour les adversaires : il accepte tout, pour les uns, ne concède rien, pour les autres.
Sa conquête du pouvoir, ensuite l’exercice qu’il en fait en sont la parfaite illustration.
A propos de ce pouvoir, Il aime à rappeler qu’en Afrique, en particulier, il expose à des tentations qui fragilisent et livrent à tous les périls : les marabouts qu’il rechigne à fréquenter bien qu’africain dans l’âme , mais de culture universelle, l’argent, l’obsession de notre époque dont il se méfie , convaincu de sa nature avilissante , la famille qu’il protège et ne voudrait jamais impliquer dans sa présidence et enfin les femmes qu’il ne voit pas comme Mitterrand ‘’ c’est vrai qu’on ne peut les avoir toutes, mais il faut essayer’’.
S’il faut camper la personne et le personnage du Professeur Alpha Condé aussi bien dans sa vie personnelle que dans l’exercice de son pouvoir acquis de haute lutte , au prix de longues années de violence sur lui et de nombreuses épreuves, il est quelqu’un qui croit en ce qu’il fait pour marquer sa foi et sa conviction, qui ne doute pas, non plus, dans tout ce qu’il veut, sûr de l’obtenir, quoi qu’il arrive, quoi qu’il lui en coûte, pour qu’il n’y ait pas à douter de son engagement et de sa détermination légendaires.
En tout cas, l’homme, le politique, l’homme d’État Alpha Condé a montré et démontré qu’il finit par obtenir tout ce qu’il veut, faire tout ce qu’il dit et annonce, sans se préoccuper de rien, ni personne . Il est aussi prévisible qu’il est habitué des coups de théâtre et des retournements de situation.
Il veut changer la Guinée, mais les Guinéens aussi ne veulent-ils pas avoir de pouvoir sur lui, réputé indépendant et incontrôlable ? ‘’ L’homme est bon, c’est la nature qui le corrompt’’. Le pari : qui de Alpha Condé et de la Guinée changera l’autre ?
Une question à l’histoire. La réponse, dans l’avenir !
Tibou Kamara
Conakry/Matoto : Deux jeunes grièvement blessés dans les manifestations contre les coupures de courant
Au cours de la manifestation des jeunes de Matoto-Khabitayah ce mercredi 24 juin, pour réclamer le courant électrique, deux jeunes ont été blessés grièvement.
Le premier au niveau de la cuisine à balle réelle et l’autre par gaz lacrymogène au niveau de sa tête. Ils ont tous été transportés d’urgence dans des structures hospitalières différentes.
À signaler que ces jeunes manifestent leur colère devant la devanture de l’ex-président de l’Assemblée nationale, actuel haut représentant du chef de l’État.
Guinée : Prolifération des ministères et augmentation effrénée de conseillers à la Présidence de la République (Sekou Camara)
NOTE D’ANALYSE N SC/ 001/ 2020 – Dans ce contexte de récession économique et financière globale sans précèdent, exacerbée par une austérité budgétaire dans les Etats, la tendance serait de diminuer les dépenses publiques. Ce qui permettra aux Etats de concentrer leurs efforts sur les priorités de base de leurs populations et préparer la relance post – COVID 19.
En dépit des discours et promesses politiques, la confiance des populations guinéennes au pouvoir politique est assez corrodée. Cette crise de confiance trouve un fondement certain dans les dysfonctionnements de l’appareil-Etat qui génère un sentiment partagé de mal gouvernance généralisée, caractérisée par un manque de redevabilité et de sanction. Ainsi, de l’avis du citoyen lambda, entre autres, la prolifération des ministères et l’augmentation effrénée des conseillers à la Présidence de la République sont pointées du doigt comme un signe de renoncement et de démission à la mission de satisfaction des priorités des populations meurtries par une classe dirigeante d’arrivistes et opportunistes.
Aujourd’hui, il urge de défendre cette population guinéenne qui n’a que trop souffert. C’est pourquoi, dans les lignes qui suivent, nous dégagerons les incongruences liées à cette situation, sur un point de vue formel et substantiel.
Sur le plan formel, on se demanderait de la pertinence du rôle de cette pléthore de conseillers à la Présidence, si tous les actes d’autorité pris violent les bonnes pratiques et l’orthodoxie gouvernementale et administrative. C’est le sens de la restructuration récente du Gouvernement. En principe, bien que rectifié en partie par un deuxième décret, le Président de la République devrait être conseillé de prendre trois décrets portant respectivement (i) restructuration du Gouvernement, (ii) nomination d’un Premier Ministre et (iii) nomination des membres du gouvernement. Cette situation créa une ambiguïté et nous amena à nous poser un certain nombre de questions, à savoir : (i) le fondement légal des nouveaux ministères créés, (ii) la primauté du Premier Ministre sur les autres ministres (est-ce un Premier Ministre ou Premier des Ministres, d’autant plus qu’ils sont sur le même décret).
Sur le fond, on se demanderait si les conseillers, a priori, procèdent à des évaluations et aux consultations avant toute réforme institutionnelle et surtout gouvernementale. Dans le contexte actuel, la tendance serait de grouper les ministères au lieu de faire un émiettement des départements ministériels, avec son corollaire de besoin humain, financier et matériel. Cependant, lorsqu’une vision guidée conduira à grouper ces ministères selon les axes stratégiques, des problèmes de sureffectif se poseront. Aurons-nous recours au dégraissage de la Fonction Publique ? Ou à la suspension des recrutements pendant une période donnée ? Ce qui serait injuste pour les générations futures. Ainsi, il convient de se départir de la pratique de recrutements irréguliers et opaques à la Fonction Publique, et encourager les initiatives privées, ainsi que de promouvoir les investissements privés qui absorberont les jeunes diplômés.
La Guinée, avec environ 13 millions d’habitants, a-t-elle besoin de 38 ministères et d’une pléthore d’anciens ministres, conseillers à la Présidence ? En réponse, nous dirons non, car ceci entraînerait des risques de conflits de compétence fonctionnelle et matérielle. De même, la charge financière des ministres (et leurs cabinets) et des conseillers coûtera plus à l’Etat, qui ne pourra donc, faire face aux priorités de développement. Légitimement, on se poserait la question de savoir si la mission du gouvernement ne se résume qu’à payer ses ministres et conseillers en faisant fi aux priorités de ses populations martyrisées.
De ce qui précède, il urge de prendre certaines mesures sensibles aux besoins et priorités des populations guinéennes. Au nombre desquelles, nous recommandons de :
- Réduire le nombre de ministères et de postes de conseillers à la Présidence selon les axes stratégiques prioritaires de l’Etat pour éviter les dépenses massives ;
- Respecter dorénavant l’ordre juridique, la pratique et l’orthodoxie administrative et gouvernementale dans la prise de décision impactant sur le statut quo ante ;
- Evaluer l’impact des décisions gouvernementales et administratives avant toute décision, et consulter les populations (voire par sondage objectif) pour orienter dans la prise des décisions du Gouvernement ;
- Tenir compte de la compétence, du mérite et de l’intégrité (et non le militantisme et/ou le régionalisme) dans l’exercice du pouvoir discrétionnaire de nomination
- Encourager et promouvoir les anciens ministres à une autre vie professionnelle comme la Fonction publique internationale, la recherche, consultance, …
Sékou CAMARA, Juriste.
Spécialiste en Réforme des Secteurs de Sécurité et Justice, Etat de droit, Gouvernance et Paix. Email : sekucamara@hotmail.com
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