Dans le but d’assurer la paix et la quiétude dans le pays, les femmes guinéennes ne veulent pas rester bras croisés. C’est pourquoi le consortium appelé la Guinéenne en politique (LGP) a lancé ce mercredi 6 septembre 2023 le projet dénommé ‘’Renforcement de l’influence des femmes dans le processus de paix pour une transition inclusive’’ dans un réceptif hôtelier de Conakry. Plusieurs femmes venues de différentes formations politiques et des organisations féminines du pays ont honoré de leur présence cet événement solennel. L’occasion a été mis à profit pour dévoiler les objectifs de ce projet et la nécessité pour les femmes de jouer leur partition pour une transition apaisée en Guinée.
La présidente de la LGP Makalé Camara est revenue longuement sur le bien-fondé de ce projet et l’engouement suscité chez les femmes. « Ce projet en gestation depuis un an auprès du système des Nations-Unies à travers le fonds des femmes pour la paix et l’action humanitaire est aujourd’hui mis en œuvre par la Guinéenne en politique et l’ONG agir pour la paix et le développement. Pour la première fois en Guinée, les femmes des partis politiques ont accepté de mutualiser leurs efforts au sein d’une association dénommée la Guinéenne en politique. Cette association s’est fixée pour mission de rassembler et unir les femmes politiques autour d’un terrain commun lié à leur évolution, leur positionnement dans les instances de prise de décisions de leurs différents partis politiques. C’est un projet intégrateur, unificateur qui favorisera la participation active des femmes des partis politiques représentatives de la classe politique, celles des partis dirigés par les femmes, les membres des organisations féminines œuvrant pour les droits des femmes, et celles de la société civile en général. Il connaîtra également la participation des jeunes filles leaders organisées en associations et groupements. La responsabilisation des associations des femmes élues des communes ainsi que des démembrements des structures politiques de la société dans les 8 régions administratives de la Guinée, Conakry y compris. Dans la perspective de l’applicabilité des femmes pour une transition apaisée, la Guinéenne en politique a anticipé des concertations avec le CNT notamment dans le cadre de la rédaction d’une nouvelle Constitution qui prenne en compte les droits humains des femmes. Ainsi des juillet 2022, la Guinéenne en politique a déposé deux propositions de lois auprès du CNT. La première nous avons demandé qu’il soit reconduit dans la nouvelle Constitution la loi L2019, loi qui instituait la parité entre hommes et femmes pour l’accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives et nominatives dans les institutions publiques. La deuxième proposition a concerné la relance de l’observatoire guinéen pour le respect des droits des femmes pour le suivi de l’applicabilité de l’ensemble des textes et de lois adoptés en faveur des femmes. ».
Le représentant résident du Système des Nations-Unies en Guinée Dr Gualbert Gbehounou a pour sa part rappelé la nécessité d’accompagner les femmes. « Je voudrais insister sur deux mots il s’agit des mots femmes et paix. Les Nations-Unies ont institué le 8 mars comme journée internationale des femmes parce que leur statut, leur participation en nombre aux prises de décisions est largement en dessous de leur importance démographique représentant plus de 50% de la population dans la plupart des pays y compris la Guinée. Sur le mur des photos des 76 derniers présidents de l’Assemblée Générale de l’ONU on ne compte que 4 femmes. Les 193 États membres des Nations-Unies ont moins de 30% d’ambassadrices à New York. Si des progrès ont été accomplis dans de nombreux pays la proportion globale de femmes à des niveaux de fonctions politiques élevés est encore faible dans le monde. Seules 34 femmes sont élues à la tête d’un État ou d’un gouvernement, 21% des ministres dans le monde, 26% des parlementaires nationaux et 34% des sièges élus au sein des gouvernements locaux. Selon un récent rapport des Nations-Unies intitulé progrès vers la réalisation des objectifs du développement durable, gros plan sur l’égalité des sexes 2022, au rythme actuel des progrès, l’égalité de représentation dans les parlements ne sera pas atteinte avant 2062. Il y a de quoi s’inquiéter, le système des Nations-Unies s’investit à corriger cette injustice c’est la raison d’être de ONU-femmes qui met en œuvre des programmes, des politiques et des normes visant à défendre les droits fondamentaux des femmes et à faire en sorte que chaque femme et chaque fille puissent réaliser pleinement leur potentiel dans la vie. Pour la première fois en Guinée, les femmes des partis politiques et des organisations féminines se sont constituées en plateforme dénommée La Guinéenne en politique pour mutualiser leurs efforts afin d’influencer les positions des acteurs politiques, de la société civile et des autorités de la transition. Cette initiative qui bénéficie de l’appui financier de ONU-femmes contribuera à la visibilité et à l’influence des femmes à construire un climat de paix, d’unité et de cohésion nationale dans la diversité d’opinions entre les acteurs du pays. ».
La Ministre de la Promotion Féminine, de l’Enfance et des Personnes Vulnérables Nanette Conté qui a présidé le lancement de ce projet, a exhorté les femmes à plus d’engagements en faveur de la sauvegarde de la paix. « Il est important de rappeler que ces dernières années notre pays a connu beaucoup de remous et des crises ayant fortement impacté le tissu social et exacerbé les comportements et autres phénomènes qui ne favorisent pas le bon vivre ensemble de tous les Guinéens. C’est pourquoi dès la prise du pouvoir par le CNRD les nouvelles autorités sous le leadership de son Excellence colonel Mamadi Doumbouya, Président de la République, chef de l’État, chef suprême des armées ont inscrit en lettre d’or dans la charte de la transition des valeurs et principes qui doivent guider tous les acteurs appelés à conduire ce processus. Parmi ces valeurs et principes on note entre autres le pardon, la réconciliation, la tolérance, le dialogue, la discipline et le civisme. C’est en cela que je voudrais ici remercier la Guinéenne en politique pour cette initiative qui conformément à la vision du Président de la République et du gouvernement compte marquer cette période particulière de notre société par la sensibilité des femmes à la tolérance et à la cohésion sociale. Je voudrais saluer ici l’implication des femmes dans la gestion des nombreuses crises enregistrées en Guinée lors des régimes successifs car ce sont elles qui à travers des activités de mobilisation, de sensibilisation et de plaidoyer ont contribué à dénouer des tensions entre des acteurs politiques et les autres autorités. C’est l’occasion de remercier également nos trois médiatrices qui ne ménagent aucun effort pour mener à bien cette action. Je voudrais surtout exhorter les bénéficiaires à plus d’efforts, de mobilisation pour que chaque femme puisse s’investir pour l’atteinte des objectifs dudit projet afin de conforter l’influence positive des femmes dans la recherche constante de la paix dans la gouvernance de notre pays. Je voudrais aussi dire que le département dont j’ai la charge ne ménagera aucun effort pour apporter son soutien à la réussite de ce projet. ».
Il faut noter que également l’événement a connu la présence des représentants du corps diplomatique et la vice-présidente du CNT.