Tribune : La Guinée, 62 ans d’indépendance et après ? (Alseny Thiam)
La Guinée est l’un des premiers pays de l’Afrique à avoir pris son indépendance en 1958. L’écrivain David Diop auteur du poème : ‘Afrique mon Afrique’ était le premier à voir la Guinée devenir le porte flambeau de l’Afrique et ce dans différents domaines, tant sur un point de vue économique, il pensait que les Africains allaient démontrer au prisme de la Guinée une capacité de gestion économique, et aussi définir une politique éducative propre à l’Afrique. Dans cet élan, il viendra enseigner et apporter ces connaissances en Guinée.
David Diop n’était pas le seul à penser aux premières lueurs de l’indépendance que la Guinée allait être un exemple de développement et de réussite, après l’indépendance une génération d’africanistes pensait que l’indépendance allait accoucher d’une gestion efficace des ressources, d’un partage équitable de la valeur ajoutée et d’une prospérité éclatante.
62 ans après quel bilan pouvons-nous tirer des aspects positifs de l’espoir qu’a suscité l’indépendance.
La première République était un modèle économique fortement inspirée de l’Urss avec un modèle sociale africaniste qui se voulait solidaire et une idéologie révolutionnaire. De 1958 à 1984 la Guinée s’est voulu être un exemple indépendantiste , avec une monnaie souveraine, une politique culturelle et sportive qui devait soutenir une Guinée qui montre l’exemple aux pays de la sous-région qui domine dans différents aspects , mais aujourd’hui les vestiges de cette puissance ‘ diplomatique’ appartiennent aux livres d’histoire . la Guinée n’a pas su préserver son influence culturel et diplomatique, le Hafia 77 club de foot mythique des années 70 ne domine plus le continent africain, les groupes comme le Bembeya jazz n’ont pas trouvé de dignes successeurs, la Guinée a perdu son prestige sur un point de vue culturel et diplomatique .
La transition vers une économie plus libérale, lors de la seconde république suite à l’effondrement du bloc socialiste, n’a pas non plus fait des miracles. L’ouverture à l’économie de marché a certes permis un recul de l’Etat omniprésente dans l’économie, mais cette ouverture à la concurrence a conduit à des monopoles de certaines multinationales mixtes .et surtout ce libéralisme a conduit à une économie de ‘réseau ‘ digne du modèle soviétique ou nous assistons à une coalition entre acteurs politique et économiques pour maintenir leurs intérêts. Autrement dit le libéralisme a développé les marchés de gré à gré et continuer à lier le monde politique Etatique , au monde économique sans conduire à une vraie concurrence qui aurait sans doute permis une croissance qui bénéficierait à une grande part de la population .en plus d’une gestion à la limite des finances publique, la deuxième république a vu une dégradation du niveau de vie Du Guinéen .
Le régime actuel ne s’inscrit pas totalement dans une rupture , et n’a pour lors pas trouver les solutions pour une croissance profitable à tous, et ce malgré la mise en place d’établissement public administrative et mixtes pour gouverner de manière efficace, le renouvellement des élites tarde à se faire sentir , la croissance tirée par la surexploitation du secteur minier est bien là , mais elle tarde à pénétrer les couches les plus fragiles, du fait de la présence d’une économie de réseau et de proximité qui laisse sur le côté bon nombre de Guinéens . La répression des forces de l’ordre témoigne d’une période d’instabilité, de violence, ou la justice ne prend pas suffisamment acte des agissements ; le monopole de la violence ‘légitime ‘ se faisant trop sentir.
Alors le bilan de La Guinée tant sur les acquis de la démocratie, sur l’efficience du modèle économique que sur la diplomatie est bien en dessous des attentes depuis 1958.
Par Alseny Thiam